Suite de mon périple...

Publié le par Alex

Maintenant que j’ai un téléphone portable, je vais pouvoir communiquer plus facilement avec les locaux et les membres de l’ONG.

Il est encore très tôt, et pourtant la chaleur m’affaiblit déjà. Je décide de me rendre à l’hôtel tout proche pour faire une petite pose et boire un grand verre d’eau. Dans le hall de l’hôtel, je croise à nouveau mon chauffeur de taxi. Je lui demande s’il me serait possible de visiter Tana demain, et s’il pourrait m’emmener au ministère pour que je puisse faire valider mon visa par la même occasion. Il me dit que c’est possible pour lui et m’annonce alors un tarif qui me semble très élevé. Je négocie avec lui pour atteindre les 55 000 ar pour l’ensemble des trajets de la journée de demain. Pendant que nous discutons, la réceptionniste de l’hôtel m’observe avec un sourire en coins. Elle est Malgache naturellement. On m’avait prévenu qu’ici les filles sont relativement avenantes…

Une fois m’être rafraichis, je décide de visiter Ivato. Je prends alors mon appareil photo et mes papiers que je cache sous mes vêtements pour éviter les voleurs. On m’a informé que le vole discret des touristes été en quelques sorte le sport national dans certains lieux de la capitale, comme ici à Ivato… En réalité, il n’en est rien si l’on prend toutefois quelques précautions d’usage, comme emballer son appareil dans un chiffon et mettre son argent sous ses vêtements.

Au bout d’une centaine de mètres parcourus dans les rues bouillonnantes de vie, je commence à m’imprégner de l’ambiance générale des lieux. Une odeur forte et désagréable parait comme imprégner dans le sol et les mures de la ville. J’apprendrais plus tard en discutant avec un Français marié à une malgache que c’est parce que le cochon est tué tout les jours dans la ville d’Ivato que cette odeur reste en permanence. Mêlé aux ordures abondantes qui jonchent le sol, à l’eau croupie de quelques flaques et aux produits en tout genre qui sont vendu partout dans la rue, cette odeur particulièrement désagréable m’imprègne les vétements et les narines.  Il ne passe pas une personne dans la rue qui ne me lance pas de regard curieux et étonné de voir un blanc ici. Parfois, un groupe de quelques enfants pieds nus et pleins de terre me crient « bonjour vasa ! ». Cela signifie bonjour étranger. On m’expliquera plus tard qu’un vasa est aussi un patron, cela signifie homme riche et qui a du pouvoir ou homme blanc européen qui a de l’argent. Je décide d’entrer dans le marché permanent de la ville qui s’étale sur une grande place en terre. Les locaux paraissent encore plus étonnés de me voir ici. Beaucoup s’arrêtent lorsque je prends des photos, et à chaque fois un petit attroupement de personnes se forme autour de moi. Je leurs montre la photo que je viens de prendre et certains me demandent de les photographier également. Je tente parfois une petite discussion avec les gens et leurs explique qui je suis et pourquoi je suis ici en leurs montrant des cartes postales de chez moi. Je parviens à prendre quelques clichés sans être repérer des locaux. Ce sont presque les meilleures photos car les attitudes sont naturelles. Je croise de nombreux enfants qui jouent dans les allées du marché. Certains me bousculent légèrement au passage et en se rendant compte qu’ils viennent de rentrer dans le bras d’un blanc, ils s’arrêtent nette et me regardent sans bruits, comme impressionnés. D’autres jouent en dessinant dans le sable, certains font des parties de foot avec des capsules de soda et un terrain de foot miniature tracé sur le sol. Des vendeurs de viande me sourient à mon passage et me propose de me vendre un morceau de porc, de poulet ou de je ne sais quoi. La viande est couverte de mouches et les vendeurs tentent parfois de les chasser sans grand entrain en passant la main au dessus de leur étale. Les mouches décollent alors et se posent à nouveau pour retourner à leurs affaires. Je croise un jeune enfant assis par terre. Il doit avoir 12 ans environ. Il tien un bâton dans sa main droite et frappe dans son autre main. Entre ses jambes il y a un petit billot de bois taché de sang et des lapins blancs apeurés de la foule et probablement de leur futur sort. Je rentre enfin dans le secteur des fruits et légumes. J’en profite pour faire quelques achats ce qui constituera mon repas de midi. Il faut dire que pour le moment, je n’ose rien manger d’autre. Les fruits sont tous plus étranges les uns que les autres. Pour le moment, je choisi de me contenter de fruits que je connais. J’achète donc des bananes et des tomates pour quelques ariari, l’équivalent de quelques centimes d’euro. Ces fruits poussent toute l’année ici à Madagascar. J’arrive à présent au milieu d’étales de charbon de bois. Les malgaches ne se servent que de cela pour faire cuire leurs aliments, ils n’ont pas de cuisinières. Des gens s’affairent ici et là à remplir de petits sachets plastiques de morceaux de charbon de bois pour les vendre. Certains ont le visage noirci par la cendre ce qui donne une ambiance particulière à l’endroit. Ici tout semble plus calme. Les étales sont aussi légèrement plus espacées et moins de monde circule dans les allées.

Au bout d’une bonne heure de déambulation entre les étales, je décide de rentrer à l’hôtel pour manger mes fruits dans le jardin et reposer mes jambes qui commencent à bruler. Je me sens comme fatigué, comme si j’avais couru pendant 10Km. Le regard des gens qui sans arrêt vous observent, vous interpellent, le décalage horaire et le voyage m’on tué pour la journée… Je juge donc préférable de rester à l’hôtel l’après midi pour reprendre des forces, me reposer et me préparer psychologiquement à la visite de la nébuleuse ville de Antanarivo. Je passe donc une bonne partie de la journée à somnoler au soleil, à discuter avec les malgaches de l’hôtel et avec le vasa que j’ai rencontré le matin. Il se nome Bertrand. Il est reportaire indépendant. Il a beaucoup voyagé dans sa vie et visité de nombreux pays, y compris des pays en guerre. Il me montrera également son matérielle photo, deux appareils argentiques datant d’une bonne vingtaine d’année. C’est un vieux de la vielle ! Il ne souhaite pas passer au numérique car pour lui ce n’est plus le même métier. Il a travaillé et travaille encore pour des magasines comme géo, il réalise des expositions photographiques à Paris, et parfois il couvre des conflits, car c’est dit-il ce qui rapporte le plus. Les hommes sont friands de violence et d’images choques. Ils préfèrent voire un tas de cadavres qu’un sourire de vielle femme. Dans la soirée, je rencontre son amie malgache. Nous mangerons ensemble un bon steak de zébu avec du riz et du coca.

Le lendemain matin, je m’apprête à aller visiter Tana et à faire officialiser mon visa. Devant l’hôtel, un taxi m’attend. Ce n’est pas le même chauffeur que hier. Il m’explique que c’est lui qui va m’emmener car l’autre a un problème avec sa voiture. Me voila parti ! Très vite nous quittons la ville pour les rizières. Celles-ci sont entourées de 12 collines construites d’habitations de briques, de bois et de taules. C’est sur ces collines sacrés que s’étend la ville de Tana. Nous arrivons enfin au ministère. Dans la salle d’attente, des gens sont assis, d’autres sont debout, certains sont assis sur les marches d’un escalier. Je tente un petit tour du propriétaire pour voire ce qu’il me faut faire. Une dame m’explique que le responsable n’est pas encore arrivé, le contraire m’aurait étonné… Un Français me dit que cela fait déjà 2h qu’il attend, car on lui avait dit de venir à 8h. C’est l’Afrique… Au bout d’une heure, un homme rentre enfin et passe devant nous sans aucune considération. Je parviens à aller le voir dans son bureau, mais il est déjà parti. Sa secrétaire m’explique alors qu’il faut que je demande à la personne qui se trouve à l’accueil, ce que j’ai pourtant fait en arrivant. On se croirait dans un épisode d’Asterix « il vous faut le formulaire numéro 35 mais pour avoir celui la demandez dont à 127ème étage le formulaire 54 ». Voyant que l’on me balade, je retourne vers mon chauffeur de taxi qui m’a indiqué qu’il connaissait quelqu’un qui travaillait ici. Je lui demande de m’introduire car je n’ai vraiment pas envi de passer la journée ici. Il rentre dans une petite sale, ferme la porte et ressort 10 minutes plus tard avec un homme qui me fait signe de le suivre. Nous sortons dans la coure et fessons le tour du bâtiment. L’homme m’indique une voiture garée au soleil et me dit de monter dedans. J’observe d’abord prudemment avant de me décider à monter. L’affaire ne me parait pas claire. A l’intérieur un homme dégoulinant de sueur m’attend. C’est un malgache pure souche avec de grosses dents proéminentes et des yeux bien blancs. A ce moment là je ne suis pas tranquille mais je reste étonnamment calme. Je reste tout de même prêt à sortir de la voiture si les choses se passaient mal. L’homme parle à une interprète qui me traduit ensuite. « Pour faire le visa, il faut payer cet homme. Il s’occupera de tout et tu n’aura pas de problèmes. » Je leurs explique alors que j’ai déjà payé une somme assez importante en France et que je suis ici pour un stage. Je leur parle de l’ONG qui m’emploie. Cela les fait quelque peut reculer lorsque je prononce le mot directeur de l’ONG. L’interprète m’explique que l’on m’a pris pour un missionnaire et que pour mon cas il me faut alors attendre dans la salle d’attente. De retour là bas, je saisis mon portable malgache fraichement acheté et je téléphone au directeur de l’ONG. Je lui explique ma situation et celui-ci me confirme qu’ils on peur des ONG et particulièrement des représentants Français, ce que je leurs ai bien sur fait croire. Je me dirige à l’accueil avec le téléphone à la main et le directeur au bout du fil. Je demande à la dame qui m’a envoyé dans la voiture de parler avec le directeur. Elle refuse et me fais signe d’attendre. Je raccroche alors mais je continue à faire comme si j’étais toujours en ligne. La dame me tend alors un papier et me fais signe de la suivre. Elle me conduit dans une pièce sombre sous un escalier ou un homme attend assis à un bureau maintenu par des pilles de documents jaunis par le temps. Une petite ampoule reliée à des fils dénudée pend au plafond. Je me demande si ce coup ci on va me prendre pour un revendeur de drogue ou un mafieux… En fin de compte, l’homme m’explique à peu près clairement comment remplir les papiers et comment il faut que je fasse. Il m’indique que je dois récupérer des papiers à la mairie de Maroantsetra, lieux où je vais passer le reste de mon séjour. Je le remercie et me dirige vers la sortie. Je pose ma main sur la clenche de la porte et à ce moment là il me rappelle. Je me retourne avec le sourire et lui demande « oui ? » Il se rapproche de moi et me dit tout doucement dans l’oreille « vous n’auriez pas 20 000 ariari pour la dame qui vous a conduit ici et pour moi, ce serait vraiment gentil de votre part car nous avons été gentils avec vous… ». Je le regarde dans les yeux et lui dit « combien voulez vous » à haute et intelligible voix pour que les gens qui se trouvent dans le couloir entendent clairement l’objet de notre discussion. A ce moment là, comme gêné, il me dit « non non, heu… c’est bon… ». Je me dirige donc enfin vers la sortie, entiers et avec les papiers nécessaires pour le visa de séjour. Ouf ! Je grimpe à nouveau dans le taxi qui est entouré de voitures garées n’importe comment sur le trottoir. Un homme se met à faire la circulation et le chauffeur lui tend un petit billet pour le remercier. Je me dirige enfin vers le centre de Tana, et plus particulièrement la ville haute. Dans la matinée, je fais le tour du palais de la reine victime d’un dramatique incendie il y a peu. Je contemple alors la ville et son impressionnant étalement. Mes guides improvisés me donnent alors un tas d’informations. Je les questionne largement, y compris sur d’autres sujets comme les abeilles et les pratiques apicoles. Je leurs donne 10 000 Ariari à se partager à 4 pour la visite et les remercie. Je redescends alors vers la place centrale de la ville et le marché. Je dois à tout prix me trouver un chapeau car le soleil devient de plus en plus intense… Au marché de la ville, j’achète des fruits pour le repas de midi et je négocie un beau chapeau de paille pour moins d’un €. Je commence à être fort en négociation ! Je demande ensuite au chauffeur de m’emmener à la place centrale pour visiter et pour se trouver un coin à l’ombre pour manger.

Après un tour de la place, nous ne trouvons pas de place pour s’assoir. Plusieurs personnes me regardent et me font un signe discret de la main qui signifie « besoin de changer ton argent ? ».

Après m’être rassasié, je donne un coup de téléphone à l’étudiant en agronomie. Celui-ci me dit de venir à l’université de la ville. Il me présentera à une de ses amie qui pourra m’aider dans mon travail. Je demande alors au chauffeur de me conduire à l’université de la ville. Une fois arrivé, je rencontre effectivement une étudiante en agronomie qui me conduit vers la bibliothèque de l’école. Je laisse mon passeport à l’accueil et un petit billet pour l’accès. J’ai pus consulter de nombreuses études sur l’apiculture à Madagascar et prendre des photos des documents intéressants. Après une visite de l’établissement avec pour guide l’étudiante (charmante d’ailleurs), je regagne le taxi pour rentrer à l’hôtel. Sur le trajet du retour, j’ai pu goûter au bonheur des embouteillages Tananariviens.

A l’hôtel, je mange seule sous le regard de la réceptionniste qui ne me quitte pas des yeux tout en discutant avec ses amies. Je la regarde parfois et lui souri pour ne pas la rejeter trop méchamment. Demain je reprendrais l’avion pour ma destination principale : Maroantsetra.

Il fait encore nuit noir sur Ivato lorsque je me dirige vers l’aéroport en taxi. Après l’enregistrement des bagages, un agent de police me fais signe de venir vers lui. Il ne me semble pas méchant, bien au contraire. « Tu vas à Maroantset ? Nous avons quelque chose à te demander… ». À ce moment là, un sourire envahi mon visage. Je me dis au fond de moi que ce cher monsieur va me demander encore un billet pour me laisser passer sans soucis. Au final il n’en est rien. Il souhaitait simplement me confier un paquet pour le directeur de l’aéroport ce que j’ai bien entendu accepté. Au bout d’une heure 15 de vol, l’avion commence à descendre au dessus d’une magnifique baie entourée de forêt et de cocotiers. Me voila arrivé à Maroantsetra. Des pécheurs lèvent la tète au passage de l’avion, les zébus s’écartent de la piste d’atterrissage pour laisser l’avion se poser. Je rencontre pour la première fois le directeur de l’ONG.

Maroantsetra est vraiment éloigné de tout. Même l’aéroport est loin de la ville. Une ambiance chaude et humide règne ici. Partout des gens marchent en transportant des tas de choses sur leurs tètes ou sur de vieux vélos. Des zébus et des poules traversent régulièrement la route devant notre passage et sont évitées de justesse. Nous arrivons à l’ONG. Je rencontre les membres et fais connaissance avec eux. Il me tarde de rencontrer augustin qui se trouve à la mairie pour faire authentifier son titre de guide officiel. Je propose à Thorel, le directeur, de se rendre à la mairie et au district de la ville pour faire valider mon visa. Je grimpe alors aussi tôt avec lui sur son scooteur japonais et nous filons vers la mairie. Une foule se trouve là, dans les couloirs de l’administration. Un homme aux petites lunettes assis sur un gros livre en guise de rehausseur nous indique un bureau où nous pourrons payer pour qu’ils nous fassent les papiers. Heureusement que je me trouve avec un malgache pour ce coup là, car j’aurais passé ma journée ici sans résultats. Le bureau en question ressemble plus à un bureau abandonné qu’à un lieu de travail. Des détritus sont empilés dans un coin, et les fenêtres grandes ouvertes n’on plus de carreaux, quant au plancher, il grince terriblement à chaque pas. On à l’impression que tout va s’effondrer et que ce n’est que les pilles de livres et de papiers qui tiennent le plafond. Dans le fond de la pièce, deux coffres forts rouillés sont adossés au mur. L’un est grand ouvert et rien ne se trouve dedans. Le « gardien » de la clef épais comme mon petit doigt ouvre le coffre et tend une boite en bois à son assistante. Nous payons alors pour la constitution des papiers et le coffre est refermé avec précaution tandis qu’une partie de la somme glisse rapidement vers la poche d’un agent de la mairie.

Après avoir obtenus les derniers papiers, nous rentrons à l’ONG et au retour nous croisons Augustin. Thorel me présente sa femme et me fais visiter la maison. La première fois que vous rentrez dans une maison malgache, cela vous fais réellement un choque. Je me suis moi-même demandé comment c’été possible de vivre dans de pareilles conditions. La douche n’est qu’un simple bac d’eau qui provient du puis. Les toilettes sont par chance encore presque fonctionnelles mais il faut tirer la chasse à l’aide d’un seau d’eau. Une odeur particulièrement forte embaume d’ailleurs cette pièce. La cuisine se trouve au fond de la maison dans une petite pièce sombre ou est entassé un tas de bazar. Partout des sacs de riz, des bouteilles en plastique habillent les murs. Mon lit se trouve quant à lui dans la pièce principale de vie, à coté de la table à manger.

 

Une semaine à passé depuis mon arrivée à Maroantsetra. Même si mes premières impressions sur la maison me rendaient quelque peu sceptique sur mon bonheur ici, je me suis bien intégré à la faune locale. Lorsque l’on vie des choses formidable avec des gens sensationnels, les conditions de vie ne sont que très peu importantes. Je pense que si j’avais choisi de prendre une chambre d’hôtel, je n’aurais pas vécu d’aussi bons moments. Tout raconter ici serait trop long et trop fastidieux, ce n’est d’ailleurs pas le but de ce blog. Je raconterais alors uniquement les moments forts de mon voyage, les moments qui m’ont marqués.

 

La suite à la prochaine connexion internet….

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
<br /> Waaah!!!!!!!!!!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> oh mec! t'es payé à la ligne ou quoi!!!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> fais attention de pas finir marié mon chouchou ^^<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> Si tu continu, tu va écrir tes "mémoires" en rentrant dans la yaute !! mdr<br /> <br /> <br />
Répondre