Dèja un mois...

Publié le par Alex

Il faisait beau et chaud sur Maroantsetra, comme d’habitude. C’est lundi de Pâques. Traditionnellement, tout le monde se rend à la plage ce jour pour un pique nique et une baignade collective. Je n’ai alors pas manqué de participer à la fête. J’avais été cloué au lit quelques jours juste avant par une diarrhée qui m’a fait perdre 4 Kg alors cette sortie en plein air me ferait le plus grand bien. Vers 11h, je rejoins alors une amie chez elle. Je suis invité à manger avec sa famille et quelques uns de leurs amis. Ce repas servi sur une natte tressée au sol restera un moment inoubliable. Je sens vraiment l’ambiance du pays, je savoure ce dépaysement profond. Après nous être bien rassasiés, nous nous mettons en route pour la plage. Il y a déjà beaucoup de monde partout mais heureusement la plage est grande. Mon amie, quelqu’un en qui j’ai confiance, me confie ses affaires pour les mettre dans mon sac. Elle connait quelqu’un qui pourra nous garder nos sacs le temps de la baignade. Elle me confirme que c’est quelqu’un en qui elle a confiance, je lui donne alors mon sac et mes vêtements, puis me dirige vers la mer accompagné de plusieurs malgaches et malgachEs surtout. Dans l’eau, il y a de nombreux enfants. Ils s’amusent ensemble et à mon arrivée ils se dirigent vers moi. J’ai passé un moment vraiment formidable sur cette plage avec tous ces gens. Des sourires, des rires et de la joie fusaient de toute part. J’étais le seul blanc de la plage, alors j’avais l'impression d'être en quelque sorte, l’attraction nationale. Les gens me souriaient, les enfants rigolaient, mon amie vint me dire heureuse que les gens m’aiment bien ici à Maroantsetra. Je me sentais bien. Au bout de quelques heures passées à barboter dans la mer, je me suis dirigé vers mon sac avec les autres personnes qui avaient confié leurs affaires. Quelques personnes sont debout autour de l’endroit où sont déposés les sacs. Un jeune enfant est assis à coté des sacs qui sont tous ouverts. Sur chaque sac, un portefeuille est ouvert, le mien y compris. Lorsque je comprends ce qui s’est passé, je n’en reviens pas. Je me dis que ce n’est pas possible, que c’est une blague. Je saute sur mes affaires et fait un rapide inventaire de ce qu’il y a dans mon sac. On m’a volé mon argent, mon téléphone et celui de mon amie, ma clef USB. Par chance il me reste mes papiers et mes vêtements. Je demande alors tout de suite où sont les parents du petit qui étaient sensés garder les affaires. La mère arrive à ce moment là sans plus de stress que cela. Elle explique à mon amie que des gens sont entrés ici et ont fouillé dans les sacs. Ils ont dû s’absenter soit disant 2 minutes et en revenant ils ont découvert cela. Je demande alors à mon amie de poser des questions aux gens autour, pour savoir s’ils ont vu quelque chose. Elle s’écroule en sanglots. Elle me répète que tout cela est de sa faute, je tente de rester calme, de ne pas afficher mon ressenti et d’agir efficacement et rapidement. Je lui demande de rester ici pour garder ce qui reste des affaires et poser des questions aux gens aux alentours. Pendant ce temps je me précipite vers le bout de la plage. Je me rappellel avoir croisé des gendarmes il y a 2h environ. Je cours à leur recherche. Lorsque je les trouve, je leur demande de me suivre car ils ne comprennent rien de ce que je raconte. Une malgache qui s’est aussi fait voler son argent et ses bijoux arrive à ma rescousse et leur explique ce qui ce passe. Les deux gendarmes finissent alors tranquillement leur litre de bière avant de se rendre vers le lieu du vol. Pendant le trajet qui me semble interminable et lent, je presse les policiers en accélérant le pas. Ils sont rejoint par un autre gendarme qui suit le mouvement tranquillement. Arrivés sur les lieux du vol, je suis choqué par leur inutilité. Ils écoutent les conversations et discutent entre eux légèrement à l’écart. Je demande à quelqu’un qui parle le malgache de leur demander ce qu’ils vont faire et ce que nous devons faire. On m’explique que tous ceux qui se sont fait voler des choses et les personnes qui étaient responsables des affaires doivent se rendre à la gendarmerie. Deux gendarmes nous accompagnent et deux autres restent sur la plage. Arrivés à la gendarmerie, un homme en treillis nous reçoit. Il parle français et m’explique que le chef de poste n’est pas encore rentré et qu’il faut l’attendre. Il m’explique qu’il attend les ordres.

 

Au bout d’une demi-heure, je décide de faire accélérer les choses. Je demande à ce que le chef de la gendarmerie soit appelé sur son portable pour savoir ce qu’il faut faire. Le gendarme parvient à le joindre. Ce dernier lui dit d’enfermer tout le monde en attendant qu’il arrive excepté moi. Il me dit que les gens vont rester la nuit ici. Mon amie malgache en pleurs vient me voir et me supplie de faire quelque chose. Je lui dis de ne pas s’en faire, je lui promets qu’ils n’enfermeront personne. Il me faut dénouer la situation. Je vais y aller au culot. Je demande au gendarme en treillis de me suivre derrière le bâtiment à l’abri des oreilles indiscrètes et je lui dis : « Bon vous savez je serais vraiment embêté de devoir parler de cette bavure de la gendarmerie à mon ami proche du président. J’aimerais que cette affaire se règle calmement, rapidement et que les gendarmes fassent leur travail, vous comprenez ? » . L’agent me regarde impressionné et intimidé et me répond oui oui de la tête avec un regard qui traduit son stress interne. Je lui demande de rappeler le chef de la police. Aussitôt, c’est ce qu’il fait. Il m’annonce que le chef de la police va venir dans 40 minutes environ pour régler l’affaire. Il me demande si je veux que les gens qui se sont fait voler des choses soient enfermés. Je lui réponds évidement que non. Je suis soulagé et mon amie malgache aussi. J’ai une demi-heure devant moi pour retrouver Thorel pour l’avertir de la situation. Je sais qu’il connait bien le chef de la gendarmerie malheureusement je ne sais pas du tout où il est et je n’ai pas de moyen de l’appeler. Je réfléchis rapidement et demande à mon amie de m’attendre ici. Je cours vers la route principale où j’arrête un scooter, engin qui ne manque pas ici, et lui dit « je n’ai pas d’argent, je me suis tout fait voler, pouvez vous m’emmener rapidement ? ». Celui-ci accepte après quelques secondes de réflexion. Arrivé au bureau de l’ONG, je cherche le numéro de Thorel sur mon carnet. Je me rends ensuite chez les parents de sa femme pour lui téléphoner. Vingt minutes après, me voici de nouveau à la gendarmerie avec Thorel. Au bout de 10 minutes d’attente, le chef de la gendarmerie arrive. Il salue tout d’abord Thorel puis vient me serrer la main avant de faire un bonjour de la tête aux autres personnes.

 

La suite de cette aventure est longue et n’est pas très passionnante à raconter. Pour conclure, nous avons de gros doutes sur les gens qui ont gardé les sacs.  Je suis personnellement persuadé qu’ils sont coupables. Ils n’ont pas rechigné à me rembourser la somme qui m’avait été volée. Thorel m’a dit d’être indulgent avec eux et de leur demander seulement la moitié de cette somme. Pour clore l’affaire et ne pas m’attirer d’ennuis éventuels ou ne pas me faire d’ennemis, j’ai accepté cette proposition. Pour finir les galères, je suis resté au lit le lendemain à cause d’un bon mal de gorge. Parfois le sort s’acharne, mais ça fini toujours par passer !

 

La vie a repris son cours normal. J’ai pu reprendre le travail sur le projet, nous avons enfin les premières ruches finies et presque posées en piège. Nos observations à Farenkaraine se sont poursuivies et j’ai pu faire de jolis clichés envoyés fraîchement en France et surtout nous avons découvert quelque chose de fort intéressant que je ne peux dévoiler pour le moment. J’ai commencé à prospecter pour cela car je suis le seul à pouvoir effectuer ce travail d’inventaire. Nous avons également inauguré la zone éco-touristique de Farenkaraine avec les premiers visiteurs. Eux comme nous, ont été transformés par leur séjour dans cette forêt. A chaque fois que je me rends là bas, je découvre quelque chose de nouveau. Cette forêt est vraiment magique. J’imagine que lorsque je vais partir de Madagascar, cela va faire partie des choses les plus dures à quitter. Pour ceux qui sont intéressés par l’avancée du projet à proprement parler, jetez un coup d’œil aux rapports d’activités.

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